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Des femmes recueillaient sur du linge la liqueur rouge qui sortait de ce corps déchiqueté afin d'en frotter le cou de la malade . Cependant plusieurs jeunes gens tirèrent le mort hors de la fosse et bien qu'il fut criblé de coups , ils prirent encore la précaution de le lier bien fortement sur un tronc de sapin . Puis ils trainèrent le corps , suivis de tous les enfants , jusqu'à un petit verger en face de la maison . Là étaient préparés d'avance force fagots entremêlés de paille . Ils y mirent le feu puis jetèrent le cadavre et se mirent à danser autour et à crier à qui mieux mieux ... On entortilla le cou de la malade de ces lambeaux teints de la liqueur rouge et infecte qu'ils prenaient pour du sang et qui faisait un contraste affreux avec la gorge et les épaules à moitié nues de la pauvre Khava .
Recueil de balades et de souvenirs de PROPSER MERIMEE
LA GUZLA ( 1827 ) , de Prosper Merimée